A rebours des attentes de monsieur le maire, plaisanciers et antibois sont appelés à se réunir devant la mairie d’Antibes le Samedi 26 Février 2022 à 14h, et espèrent l’y entendre clarifier la situation du port Vauban.
Depuis 2019, le maire d’Antibes a reçu plusieurs courriers auxquels ni lui ni ses services n’ont jugé utile de répondre. Ces courriers questionnaient notamment sur le flou en termes de communication publique. Car la fameuse clarté, pourtant due légalement aux usagers du domaine portuaire, faisait cruellement défaut.
Si, face aux Antibois, Monsieur Leonetti devait répondre à une seule des 16 questions, ce serait celle ci : “1- Vous disiez en conseil municipal “avoir un bateau dans le port Vauban n’est pas essentiel à la vie, c’est un luxe”, avez-vous le même avis concernant l’accès au quai des milliardaires ? 2- Avez-vous signé en 2017 un arrêté municipal signé interdisant l’accès au quai des milliardaires, qui fait partie du domaine public ?”
A moins qu’il ne préfère choisir la toute dernière, plus ouverte “16- A quelles suites les habitants de cette ville doivent-ils s’attendre ?”. Monsieur Leonetti aura loisir d’y répondre autrement que par oui ou non.
Enfin, Monsieur Leonetti comprendra que la menace est inutile, inefficace, et qu’il pourra s’épancher, le cas échéant, devant le Procureur de la République, s’il venait à être entendu dans le cadre des enquêtes préliminaires en cours relatives à l’attribution du marché de délégation de service public, et à la commercialisation des contrats d’amarrage.
Au-delà des affaires judiciaires en cours sur l’attribution du marché et la commercialisation des contrats d’amarrage, nous devons absolument initier la concertation pour le véritable port du futur qui n’a pas besoin de coûter si cher et qui mélangera grande plaisance et petite plaisance locale et familiale. Et préservera vraiment cette dernière.
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Les ports du littoral méditerranéen, y-compris ceux de la côte d’Azur, ont été construits dans les années 1970 et financés grâce à un mixte de fonds publics et privés. Les privés (des particuliers) obtenaient une place dans le port (une amodiation, une garantie d’usage pour un certain temps) en contrepartie d’une participation financière à la construction de l’infrastructure. Les concessions accordées aux sociétés mixtes pour gérer ce modèle de financement touchent à leur fin. Celle du port Vauban à Antibes était prévue en Décembre 2021. Elle s’est terminée prématurément en Décembre 2016, pour des raisons d’intérêt général selon la mairie, mais c’est un autre sujet.
Il y a 3000 ans, l’anse Saint-Roch accueillait déjà le port d’Antipolis. Les vestiges des quais sont aujourd’hui enfouis sous l’esplanade du 11 Novembre, non loin de la chapelle Saint-Roch.
A partir du 17e siècle de nombreux plans représentent Antibes, le fort carré et l’anse qui semble assez facile à transformer pour offrir protection aux navires. Les remparts déjà érigés entre la ville et l’îlot Sainte Claire (actuelle esplanade de la Gravette) et jusqu’à l’îlot Saint Jaume, ne traverseront toutefois jamais l’anse, au contraire de ce que suggérait ce projet de l’époque et sa représentation magnifique.
Au 20e siècle, le port a abrité une base aéronavale qui fut bombardée pendant la seconde guerre mondiale, et à propos de laquelle France 3 a publié un reportage en 2021. Un peu passée dans l’oubli semble dire les journalistes. Les antibois se souviennent peut-être davantage du dépôt d’hydrocarbures créé dans les années 1920. Sans doute car cette activité pétrolière a laissé derrière elle la friche dite « des pétroliers », entre le port, le fort carré et la voie de chemin de fer. En 2021, la commune en prépare le réaménagement (voir la dernière enquête publique sur le Plan Local d’Urbanisme).
Et c’est bien cette activité de transport maritime qui fera émerger la toute première extension contemporaine du port d’Antibes. Il s’agira d’une digue de déchargement et de protection pour les navires pétroliers qui n’auront plus à transiter dans l’anse. Elle sera construite à partir de 1963, entre le bastion Saint-Jaume et l’écueil des cinq-cents francs, pour un montant de 5 millions de francs (MF), que l’Etat, la Chambre de Commerce et la Ville cofinancent comme le montre cette délibération du conseil municipal en Mars 1963.
C’était aussi dès le mois d’août 1963 que les premières idées d’un port de plaisance voient le jour. L’idée est plus qu’une idée puisqu’elle est présentée comme « urgente » en conseil municipal.
Ainsi c’est 5 ans plus tard en1968 que le port de plaisance dans l’anse va vraiment voir le jour. Les délibérations du conseil municipal à propos du projet et de son budget dressent la liste de ce que sera le port « Vauban – Anse Saint Roch ». Pourquoi Vauban, cela n’est pas dit (NB: le fort carré n’est pas une construction de Vauban).
– Interlude : notons à la lecture du registre des délibérations que le port abri de l’Olivette a échappé à la décision d’en faire un vrai port ; serait-il alors l’un des endroits les plus photographiés du cap d’Antibes ?! Rien est moins sûr –
Retour à « Vauban » : on y prévoit la création d’un brise-lame, extension de la digue des pétroliers, et l’accueil de 1106 bateaux de 6 à 45m. Son financement sera assuré en partie par l’état, la ville et des amodiations. Pour un total de 30 MF.
Dans la foulée, le conseil municipal décide de la création de la société d’économie mixte qui assurera le financement et l’exploitation du port et qui voit le jour le 1er Janvier 1972. Ce sera la SAEM Port Vauban, dont l’objet est de mener à bien le projet jusqu’en 2021. La ville est actionnaire majoritaire de la société au côté de particuliers qui, contre une somme d’argent, se voient octroyés un droit d’usage (amodiation) d’une place de port pendant 50 ans.
Dès 1979, le conseil municipal déclenche une restructuration du port se traduisant en 1982 par un nouveau projet qui deviendra le port que nous connaissons aujourd’hui : création du quai des milliardaires et de la nouvelle capitainerie sur la digue pétrolière et le brise-lame, création des pannes flottantes, déplacement des chantiers navals depuis le Bastion Saint-Jaume vers l’avant port au pied du fort carré, etc… Le financement sera assuré via la création de la société privée IYCA, dont les actionnaires jouiront en contrepartie de garanties d’usage de places jusqu’en 2022 (année à laquelle l’infrastructure devient propriété totale de la ville).
Bon, au final, combien a coûté le port Vauban, si on l’avait payé avec des euros d’aujourd’hui ?
Travaux
Année
Coût de l’époque (Millions de Francs)
Coût à parité euros actuel (Millions d’euros)
Dragage du bassin de l’anse, création de la digue des pétroliers
1963
5
7,4
Création des quais et de la capitainerie
1968
30
38,1
Création du quai des milliardaires
1984
77
22,9
Déplacement des chantiers navals et quai Y
1987
59
15,6
TOTAL
84
Source de conversion INSEE (Exemple : Compte tenu de l’érosion monétaire due à l’inflation, le pouvoir d’achat de 5 000,00 Francs en 1963 est donc le même que celui de 7 430,49 Euros en 2021)
Pour ainsi dire, en 50 ans, il a fallu dépenser l’équivalent de 84 M€ actuels pour profiter du port actuel.
Alors en 2016, à l’approche de la fin de ce que l’on peut appeler un cycle économique, la municipalité décide d’un nouveau projet destiné à réaliser « le port du 3e millénaire ». Résultat de l’appel d’offres : un projet d’investissements de 145 M€, sur 25 ans selon la délibération d’attribution du marché à Vauban 21, filiale de la CCI Nice Côte d’Azur majoritaire à 51%. Il y est question de détruire une capitainerie pour la reconstruire en Yacht Club, d’ériger 2 nouveaux bâtiments de services, d’enfouir les parkings, de remettre le chantier naval aux normes actuelles, et globalement améliorer le port.
Comment conclure autrement qu’en s’interrogeant : 84 M€ en 50 ans pour faire sortir le port de l’eau, et maintenant 135 M€ en 2 fois moins de temps pour le remettre au goût du jour. N’y aurait-il pas un peu d’exagération autour de ce port Vauban du 3e millénaire ?
Ci-dessous, le détail des investissement à venir, synthétisés à partir de documents de la ville. A y regarder de près, au moins 2 questions se posent : – les antibois savent-ils tout cela ? – quels travaux/quels coûts relèvent de l’entretien et des services du port, donc des redevances des plaisanciers ?
La délégation de service public confiée à l’association du port du Crouton arrive à échéance le 30 Juin 2022. La délibération votée en conseil municipal du 17 Décembre 2021 prépare donc l’appel d’offre de mise en concurrence.
Antibes Juan-Les-Pins compte 5 ports dont le petit port abri de l’Olivette, que tout le monde connaît pour héberger des pointus en été.
En 2017, les 2 ports de plaisance Vauban et Gallice ont été confié en délégation de service public respectivement à Vauban 21 et Gallice 21 qui sont 2 sociétés filiales à 51% de la CCI Nice Côte d’Azur.
La délégation de service public du port de la Salis a été renouvelée pour 10 ans à l’association du port de la Salis au 1er Janvier 2022, seule candidate à sa succession. La délibération votée en conseil municipal du 17 Décembre 2021 mérite d’être lue, même si elle omet de mentionner la redevance fixe d’occupation du domaine public dont l’association devra annuellement s’acquitter. On imagine que c’est 18 000 € HT (à comparer d’ailleurs avec le 12 000 000 € HT de Vauban situé à deux pas).
La situation du port abri de l’Olivette est plus complexe car elle dépend de l’état depuis le 31/12/2020 date à laquelle la commune n’y a plus autorité. La délibération en conseil municipal du 17 Décembre 2021 explique la situation, mais laisse en suspens la question de l’association gérait le port-abri.
Venons en au port du Crouton. La délégation de service public confiée à l’association du port du Crouton arrive à échéance le 30 Juin 2022. La délibération votée en conseil municipal du 17 Décembre 2021 prépare donc la mise en concurrence.
Maintenant la question se pose de savoir qui va répondre. Et par exemple si la CCI, qui vient de perdre le marché du vieux port de Cannes, et qui gère le déjà le port Gallice à proximité (pour ne pas dire attenant), va candidater. Ne serait-ce pas une occasion de recaser les salariés et dirigeants du vieux-port de Cannes ? Il y a quelques années, lorsque la CCI avait perdu l’exploitation de l’aéroport, elle avait gagné les DSP de Vauban et Gallice 😉
Polémiques inutiles diront certains. En effet, avant toute autre chose, l’association qui exploite actuellement le port sera-t-elle candidate à sa succession ?