Un plaisancier en liste d’attente pour louer un poste d’amarrage peut-il se faire doubler par un plaisancier qui veut bien signer une garantie d’usage ?

Question du jour : un plaisancier en liste d’attente pour louer un poste d’amarrage peut-il se faire doubler par un plaisancier qui veut bien signer un contrat de garantie d’usage ?

Si dernièrement le gouvernement a souhaité clarifier les contreparties d’une GU, il n’a toutefois pas réglé le problème de l’opacité des listes d’attente pour des postes d’amarrage.

En 2021, l’état des listes d’attente dans les ports des Alpes-Maritimes était difficile à obtenir. Pourquoi donc ? Il s’agit tout de même de l’accès à un service public. Accès devant lequel nous sommes toutes et tous égaux… Imaginez qu’on puisse s’offrir la priorité d’accès au train bondé, par l’engagement à contribuer à l’achat d’une nouvelle locomotive…

Si vous êtes en liste d’attente pour une place de port, demandez chaque année la date de demande du premier de la liste pour la catégorie demandée, votre rang dans la liste ainsi que le rapport annuel de gestion qui mentionne le nombre de GU par poste. Vous pourrez sans doute en déduire si quelque chose cloche.

Un exemple de liste d’attente, à Cannes. Comme quoi la transparence, c’est faisable.

Plainte à Port Grimaud, l’étau se resserre sur les irrégularités de gestion portuaire de la côte d’azur

L’association anti-corruption Anticor a déposé plainte contre X le 12 Décembre 2023 à propos de faits de gestion autour d’un marché public à Port Grimaud.

Voici notamment ce que le public peut lire sur le site de l’association : « D’autre part, l’offre de la société CRÉOCÉAN prévoyait un financement du projet à hauteur de 15 millions d’euros par la vente de garanties d’usage.
Une garantie d’usage est un contrat par lequel une collectivité s’engage à fournir un nouveau poste d’amarrage à un utilisateur, qui en finance la construction. Or, le plan de réaménagement proposé par la société CRÉOCÉAN ne prévoyait aucune création de nouveau poste d’amarrage dans le port ce qui signifie que son offre était incohérente puisque le financement annoncé n’était pas permis par l’aménagement proposé. Ces faits, s’ils sont avérés, sont susceptibles de caractériser le délit de détournement de fonds publics.
« 

Garanties d’usage, dont la définition a été tout récemment modifiée. Sans doute pour faire coller la loi à de nouvelles pratiques. La loi s’adapte diront certains, et ça peut être normal. D’autres poseront la question : la loi s’adapte à qui ?… Au final l’association évoque le délit de détournement de fonds publics…

Elle termine sa présentation par le rappel suivant : « Les marchés publics de gestion des ports de la Côte d’Azur représentent des enjeux financiers colossaux, aussi bien pour les collectivités que pour les entreprises qui répondent aux appels d’offres. C’est pourquoi, l’association Anticor, forte de ses 85 groupes locaux, dont les antennes du Var et des Alpes-Maritimes, réalise une veille citoyenne, accompagne les lanceurs d’alerte et signale d’éventuels irrégularités au procureur de la République.« 

Dans la presse, on trouve de quoi lire sur Vauban 21 à Antibes et sur Eiffage à Villeneuve-Loubet. Rien que ces 2 ports représentent un total d’enjeux de 200 M€ d’euros !

Enfin, notez que de tels sujets sont portés par des hommes et femmes qui dérangent des organisations et entreprises qui peinent souvent à expliquer l’intérêt général de leurs projets. Ces organisations dérangées n’hésitent pas mettre en oeuvre des moyens divers d’intimidation, et notamment des poursuites judiciaires sans réel fondement. Cela ne leur coûte rien, mais ça fiche un coup au moral et au porte-monnaie de celles et ceux qui tentent d’agir pour le bien commun et la Société. Soutenez-les.

Notez qu’Anticor est sous le feu des projecteurs car le renouvellement de son agrément pour son action anticorruption semble entravé par le gouvernement. Avec Anticor il n’y a que 3 associations anti-corruption en France, Tansparency International et Sherpa.

Le gouvernement a modifié la définition des garanties d’usage portuaire

Le 21 Décembre 2023, le gouvernement a modifié la partie réglementaire du code des transports. Pas besoin du parlement pour réglementer et décréter. On a donc eu droit à une modification de la définition des garanties d’usage.

Depuis 2015, l’article R5314-31 était rédigé comme suit du point de vue des GU : « […] Il peut être accordé des garanties d’usage de postes d’amarrage ou de mouillage pour une durée maximale de trente-cinq ans, en contrepartie d’une participation au financement d’ouvrages portuaires nouveaux constituant une dépendance du domaine public de l’Etat. […] »

La partie relative au GU est désormais ainsi rédigée dans un article propre R5314-34 : « […] Il peut être accordé des garanties d’usage de postes d’amarrage ou de mouillage pour une durée maximale de trente-cinq ans, en contrepartie d’une participation au financement d’ouvrages, de bâtiments ou équipements ayant un rapport avec l’exploitation du port ou de nature à contribuer au développement de celui-ci et constituant une dépendance du domaine public de l’Etat ou des collectivités territoriales et de leurs groupements. […] »

Peut-être que certains voient désormais mieux la nature du sujet qui fait débat depuis plusieurs années. Souvenons-nous à Antibes que dans la liste des travaux confiés au délégataire Vauban 21, qui dépassait largement l’ancien cadre, et ne créait même pas de nouvelles places de port.

Car cette modification réglementaire n’efface évidemment l’illégalité des délégations de service public face aux textes applicables au moment de leur signature. C’est un premier aspect.

Pour rappel, en 2022 la cour des comptes avait mentionné l’éventualité d’une modification des contreparties de GU dans son rapport sur la gestion du port de plaisance de la Rochelle. Lisez-en absolument les pages 31 et 32, il y est aussi question de la gestion « privative » des postes…

Port Vauban, chronique d’un désastre à Antibes – Episode 4 – Graves soupçons

Quatrième épisode (les soupçons qui pèsent sur la DSP) d’une série qui couvre toute la semaine du 6 au 10 Décembre 2021 pour presque tout savoir et essayer de comprendre pourquoi les usagers plaisanciers et professionnels du port Vauban à Antibes expriment régulièrement leur désarroi voire leur colère. Virés, évincés, exclus.

Pour que le 11 Décembre à 11h devant l’entrée de la Gravette, nous soyons nombreux, plaisanciers, professionnels, antibois, à demander un port Vauban pour tous.

Si certains pensent qu’il y a des erreurs dans les lignes suivantes, ont des questions, ou ont besoin de clarifications, ne pas hésiter à les rapporter par email à vauban@clupp-riviera.fr.

Le ciel vraiment sombre…

Les faits et soupçons importants, voire graves

La ville est en infraction au code des transports (1) notamment
– en ne réunissant pas annuellement l’ensemble des usagers
– en ne produisant pas les compte-rendus de conseil portuaire annuel

Le délégataire n’applique pas le code des transports, notamment en ne respectant pas l’obligation d’affichage des tarifs à tous les endroits fréquentés du port, en infraction au code des transports.

Le délégataire n’applique pas les termes du contrat de DSP notamment en termes de services décrit dans l’annexe 17 du contrat.

Le délégataire mentirait aux propriétaires de navires de plus de 13m et leur disant qu’ils ne peuvent rester annuellement qu’à condition de contracter une garantie d’usage. Ils ne pourraient pas louer à l’année. “Donc paie, ou pars.“. Ce qui n’est pas conforme aux dispositions de l’avenant 1 signé en 2019.

De nombreux usagers du port disent se sentir “rackettés”, ce qui se traduit un soupçons d’abus de faiblesse.

La concurrence n’est pas respectée. Le projet présenté par la CCI et retenu par la ville a été amendée dans les mois qui suivent la signature (mise en place des CGU, agrandissement du périmètre par intégration du pré des pêcheurs)… Mais que soupçonnent donc les concurrents rejetés D-MARIN/OCIBAR, Salamanca, MAVEBURG et Morley ?…

Les contrats de garantie d’usage ne financent pas d’infrastructure portuaire nouvelle et financent des travaux pas forcément en lien avec les services portuaires. Conduisant à des soupçons d’abus de confiance.

La redevance variable qui s’ajoute au 12 millions d’euros HT annuels, se compose d’une contribution sur les contrats de garanties d’usage et finance donc la ville, alors que le produit des CGU doit exclusivement financer l’infrastructure. Ce qui serait une infraction aux code de la propriété des personnes publiques.

Les travaux actuels ne pourraient être payés qu’avec le produit de nouveaux contrats de garantie d’usage.

La direction du port est soupçonnée d’atteinte à la probité dans un rapport d’audit rédigé par l’Agence Française Anticorruption (agence d’état).

Peu de ports font le choix de la transparence quant aux données des listes d’attente. Il est donc facile de gérer une entente sur l’état de l’offre par rapport à la demande, donc sur l’évolution des tarifs portuaires. Encore plus facile lorsque la CCI a des intérêts dans presque tous les grands ports. Ce qui pourrait se traduire en entente illicite entre les ports de la région.

Des éléments qui questionnent le sérieux du projet en général

La CCI ne remplit pas une de ses missions de contribuer au soutien des entreprises, qui étaient nombreuses sur les chantiers navals.

La ville a accepté que l’esplanade du 11 Novembre (désormais Simone Veil) puisse devenir un parking souterrain alors que l’état la lui a concédée il y a bien longtemps sous réserve d’exploitation non-commerciale…

La CCI comptait réaliser un chiffre d’affaires annuels de 15 millions d’euros rien que sur le quai des milliardaires, alors qu’un simple calcul basé sur les tarifs publics des postes d’amarrage montrent que c’est difficilement possible même en ayant une occupation complète à l’année.

On touche à la fin de cette chronique. Demain, on fait un état des lieux !

Port Vauban, chronique d’un désastre à Antibes – Episode 2 – Gros détails du contrat

Deuxième épisode (clarification des détails du contrat de DSP) d’une série qui couvre toute la semaine du 6 au 10 Décembre 2021 pour presque tout savoir et essayer de comprendre pourquoi les usagers plaisanciers et professionnels du port Vauban à Antibes expriment régulièrement leur désarroi voire leur colère. Virés, évincés, exclus.

Pour que le 11 Décembre à 11h devant l’entrée de la Gravette, nous soyons nombreux, plaisanciers, professionnels, antibois, à demander un port Vauban pour tous.

Si certains pensent qu’il y a des erreurs dans les lignes suivantes, ont des questions, ou ont besoin de clarifications, ne pas hésiter à les rapporter par email à vauban@clupp-riviera.fr.

Le 1er Janvier 2017 la société Vauban 21 prend l’exploitation du port pour une durée de 25 ans. La délégation prévoit qu’il revient au délégataire d’entreprendre des travaux d’aménagements nouveaux en plus de la simple exploitation. On parle de 135 millions d’euros d’investissement.

Le contrat de DSP, qui reprend l’offre du délégataire, stipule que ce dernier ne compte pas mettre en oeuvre des Contrats de Garanties d’Usage (CGU). Ces contrats permettent pourtant au délégataire de financer les travaux grâce à la participation financière de plaisanciers qui obtiennent en retour la garantie d’avoir toujours une place dans le port pendant le temps du contrat.
Question : Comment Vauban 21 entend-elle financer les travaux ?

Le délégataire verse à la ville une caution de 32 millions d’euros, que le ville devra rembourser en fonction de l’avancement des aménagements, selon un calendrier établi. La ville doit 32 millions d’euros à Vauban 21.
Question : D’où les 32 millions viennent-ils ?

Le délégataire doit verser à la ville chaque année pendant toute la durée de la DSP une redevance d’exploitation d’environ 12 millions d’euros HT, à laquelle s’ajoute une part variable.
Question : Avant 2017, le port réalisait habituellement un chiffre d’affaires d’environ 13 millions d’euros (quai des milliardaires compris), et le port versait une redevance annuelle de 500 000 euros à la ville. Du coup la redevance annuelle de 12 M€ ne parait-elle pas erronée ou exagérée ?

Evolution notable du contrant dès 2019 !

En Mars 2019, la mairie et la CCI signent (déjà) un avenant au contrat de DSP qui, 1- accélère le remboursement de la caution, 2- accorde (a posteriori) la commercialisation de contrats de garanties d’usage, 3- établit un plan de lissage des augmentations tarifaires pour les associations et les pannes flottantes, et 4- ajoute au moins une année à la durée de concession.
Question-réponse : pourquoi accélérer le remboursement ? Parce que la caution est une dette, et que la ville doit lancer un plan de désendettement (…Que n’y ont-ils pas pensé 2 ans plus tôt, hein…) probablement suite au rapport de la cour des comptes de 2018. Et aussi peut-être pour aider la CCI si elle s’aperçoit que son plan d’affaires a du plomb dans l’aile ?

En Juillet 2019, le périmètre de la concession est agrandi, en intégrant le pré des pêcheurs au domaine portuaire. Ce qui pourrait signifier que tous les évènements qui se déroulent sur le pré des pêcheurs profitent désormais à Vauban 21.
Question : Qu’en disent les concurrents rejetés D-MARIN/OCIBAR, Salamanca, MAVEBURG et Morley ? …

A la fin de 2021, la ville devra avoir rendu 16 M€ de la caution. Et pourtant, seuls quelques travaux prévus au cahier des charges sont en cours de réalisation, dont notamment la très visible destruction de la capitainerie du quai des milliardaires, reconstruite en espaces d’accueil et de vie pour les équipages.
Question : Mais cela correspond-il vraiment au niveau de réalisation des 135 millions de travaux ?

Enfin, en Août 2021, l’analyse succincte des comptes de Vauban 21 montre un déficit cumulé de presque 20 millions au 31/12/2020.

En 2021, le parquet de Grasse mène des enquêtes préliminaires suite à 2 signalements de l’association Anticor. Le directeur général de la CCI (aussi directeur général de Vauban 21) démissionne suite à des révélations dans Mediapart.

Vous savez presque tout des étapes clés depuis 4 ans. Demain, on déroule une longue liste des problèmes subis par les usagers du port !

Juridique : garanties d’usage et notion d’ouvrage nouveau

Commençons pas les exemples. Nous nous sommes procurés des modèles de contrat de garanties d’usage (CGU).

Le premier date de 2017. Oui 2017, alors même que la convention de délégation de service public démarrait tout juste, et qu’elle mentionnait que le délégataire n’entendait pas mettre en oeuvre les CGU. Au grand étonnement des concurrents à la DSP peut-être, qui peuvent légitimement se poser la question si c’est bien normal que la CCI aie présenté un projet économique dont les engagements sont modifiés moins d’un an après l’attribution… A ce compte-là tout le monde peut candidater avec n’importe quelle offre bidon !

Le second exemplaire est une proposition anonymisée faite pour un yacht de 16m. Coût du contrat : 200 000 euros pour 10 ans ! Oui, bien plus cher que la redevance annuelle en location. Mais ça c’est normal, mais il faudra toutefois y revenir ultérieurement. Car la question qui se pose c’est « à quoi sert, que paie, la redevance annuelle de location ? »

Vous l’aurez compris, les CGU permettent de financer des travaux du port. Il est temps de voir comment la loi et la jurisprudence traite ce financement.

Petit exposé sur les garanties d’usage et la notion d’ouvrage nouveau. A lire absolument !
« S’agissant d’une contrepartie au financement d’ouvrages nouveaux, c’est-à-dire la création de postes d’amarrage ou de mouillage sur extensions, il ne pourrait être considéré des travaux d’entretien, de réaménagements, d’agrandissements ou réfections d’ouvrages existants, financés par les redevances annuelles et définis par l’article R 5321-17 du code des transports. (« Le produit des redevances d’équipement des ports de pêche et des ports de plaisance ne peut être utilisé qu’à des dépenses effectuées respectivement dans l’intérêt de la pêche ou de la plaisance et relatives à l’établissement, à l’amélioration ou au renouvellement et à l’entretien de tous les équipements du port et à l’amélioration des profondeurs de ses rades, passes, chenaux et bassins »).«